extrait de : Georges
Ribemont-Dessaignes - DADA - Manifestes Poèmes Articles
Projets - 1915-1930 - Editions Champ Libre 1974.
Ce
poème-manifeste fut dit au cours de la matinée du
jeudi 5 février 1920 à la salle du Grand-Palais
(« Manifeste lu par neuf personnes »). Marcel Sérano
dans
Le Petit Bleu du 6 février en donne un compte
rendu assez pittoresque pour que nous en reproduisions quelques
lignes (on y retrouve des éléments de ce poème)
:
« Ils sont six penseurs (?) qui, ensemble, prononcent les
mêmes blagues, les mêmes âneries. C'est un vacarme
indescriptible, auquel s'ajoutent encore les protestations des
assistants :
« - L'auteur ! L'auteur! Qu'il vienne tout nu !
« Les récitants continuent :
« - Nous descendrons dans le public! Nous lui arracherons
ses dents gâtées !
« - Sortez-les, crie l'assistance.
« - Nous lui couperons ses oreilles garnies de mousse...
« - Qu'on les pende !
« - Nous lui extirperons la langue...
« Et après ces douces promesses, les récitants
poussent leur cri de guerre :
« - Da! Da! Da! Da! Da! »
C'est d'ailleurs à propos de cette matinée que Georges
Ribemont-Dessaignes écrira dans
Déjà Jadis
(Coll. 10/18, p. 95) : « ( ... ) toutes les manifestations
collectives ont quelque chose d'enfantin et de violent, irrationnel.
» Commentaire qui évoque Alfred Jarry.
Signalons également que ce poème est reproduit sous
une forme légèrement différente dans «
Histoire de Dada » (
N.R.F., n° 213, juin 1931).
Le texte ici est incomplet - le dernier vers cité étant
: « C'est nous les assassins. »
On sait que Georges Ribemont-Dessaignes exprimera par la suite
(
Lettres Nouvelles, 1955, n° 32) son désaccord
à propos de cette publication.