Promises

Terre ! Terre ! Terre ! Terre !
Les quatre extrémités promises.

Cinq tonnes de rats mangent les livres, ou bien leurs restes. Vous les reconnaissez bien, nos bons amis comptables ? Combien peuvent-ils être destructeurs en soulignant les réalités, avec une règle soupçonneuse, vous heurtant de leur psychose, une haine antique de la malhonnêteté et déclarant avec outrance que l’ascétisme conduit au néant !

Le péril effrayant de la vie quotidienne asservit les hommes à sa famine. Ne suivant pas l’inspiration des autres, je me fais seller un cheval pour errer à l’hygiène possible d’une action. J’en déduis que les rudiments de labour causent l’épuisement complet de la campagne.

Vaille que vaille la terre voit son poids péniblement chauffé par une habitude à vapeur. Même les villes sont des machines improvisées, malfaisantes contre l’homme, pauvre ou nanti. Lieux où le besoin se travestit en besogne. Au hasard des paniques, l’homme trouve à manger mais il n’arrive pas à formuler ses convoitises, son problème n’étant pas attaché à ses capacités de travail mais fondé sur la nécessité à améliorer son sort. Les besoins matériels sont-ils établis ? Alors il apparaît naturel de les satisfaire sans subir l’opposé à cette initiative : des ordres, des règles et des reproches.

Se donner du mal, prendre la peine. Ne sommes-nous pas persuadés que le travail ouvre sa mâchoire d’alligator ? Le travail n’est-il pas la négation du moi ? Nos sens rabaissés, nos membres arrachés. Nos sens ont été réduits à une fonction, à la production essentielle de notre misère. En quelque sorte, choisissons parmi les multiples problèmes de la vie le moindre : échafauder des théories meurtrières contre les gouvernements, monter en première ligne contre les crapules.

Dans la fiente se termine le bien-être caduc de celui qui désire conserver sa dignité par le travail. A la longue triomphe le morose grâce au somnambulisme du labeur persistant.

Quand viendra l’hiver, nous fumerons les vieux livres.
Le comptable est un escroc quand la faim et la misère sont favorisées par ses théories.

février 2002