Comme ses glorieux aînés (1793-1794), le Comité de Salut Public considère la révolution en tant qu’institution extraordinaire pour contrer l’idée d’acheter le silence et la paix des citoyens à n’importe quel prix. Nous avons tant d’ennemis à vaincre pour que la République Libertaire Égalitaire et Fraternitaire puisse retrouver son trône légitime !
En ce jour ils sont à l’intérieur, sur ce territoire, eux qui ont ignoré délibérément les lois fondamentales pour défendre leurs intérêts particuliers, ceux qui accaparent entre, entre toute transaction et tout échange, les taxeurs, les racketteurs, les profiteurs, les « entre-preneurs », les ennemis contre-révolutionnaires (parmi les premiers n’y eut-il pas les » révolutionnaires » industriels ?), ceux qui font des lois pour se protéger de la Justice, les indifférents même qui préfèrent se terrer dans leurs petites certitudes, leur petit confort précaire, qui choisissent de fermer les yeux devant la vérité. Et si cette vérité hurle et siffle à leurs oreilles, ils bouchent leurs tympans. De cette vérité devrait découler une démission sur-le-champ de l’exécutif et du législatif qui ne représentent plus aujourd’hui que 20% au maximum de sa population (De cette quantité restante, de ces bases partisanes, combien de leurs dirigeants sont-ils mouillés dans la corruption et les affaires ?)
Ah ! Les affaires ! Le monde des affaires est nuisible au peuple quand il ne sert qu’au luxe de quelques-uns et appauvrit jusqu’à la moelle intellectuelle du peuple, quand il devient international au détriment de la nation, lorsqu’il brade la propriété publique aux transnationales privées. Le bien public n’étaient pas à vendre : il fut constitué par des générations de citoyens qui pour cela ont laissé tant de sueur et de sang et de chair au nom d’un futur meilleur qui se dévoile aujourd’hui être le pire. D’ailleurs, si la loi inique sur la propriété privée fut incluse dès les premières constitutions, considérant par celle-là l’inviolabilité de celle-ci, c’était pour motiver une armée de petits possédants à défendre la Patrie comme le déclara Barère à la Convention : « Quand l’homme tient au sol, il le défend ! » Maintenant, nous comprenons mieux pourquoi il nous faut donner une limite à cette propriété…
Parmi les ennemis, les passifs sont légions qui préfèrent jouir des éphémères passions du moment plutôt que bâtir un avenir réjouissant pour leurs enfants, légions de défenseurs de la nature et des animaux tandis que des peuples entiers se trouvent sous le joug d’organisations nocives tels que l’Otan, le F.M.I. ou la Banque Mondiale, crevant la faim, déplacés comme des troupeaux, maltraités par des groupuscules armés grâce aux grandes puissances, (armés mais aussi nourris et soignés puisqu’ils puisent sans vergogne jusque dans les colis des organisations humanitaires !) Et ces combats n’ont-ils pas pour raison le pouvoir et la religion ? Les ennemis de la France laïque tolèrent bien sûr la religion. Or la religion est l’ennemie de la France laïque et républicaine. Ces sectes (chrétiennes, juives et musulmanes entre autres) montrent bien en ce jour à quel point elles sont nuisibles, se jetant dans des batailles sanguinaires, pour des lieux saints, alors qu’il leur est dit que le cœur de l’homme est le seul temple validé par leur dieu, au nom d’un dieu qui est le même pour eux tous, dont l’esprit saint n’a jamais voulu que le sang de l’autre soit versé. Non, leurs versets conjurent de considérer l’amour du prochain comme l’acte le plus sacré.
La politique est l’ennemie de la République française lorsque ceux qui s’en réclament défendent autre chose que la conscience égalitaire. Quelle sorte d’égalité y a-t-il entre des dirigeants qui brassent et possèdent des millions et ces millions de gens, déshérités on ne sait comment, sinon avec des lois votées favorisant cette inégalité, des lois bénies par ces mêmes dirigeants (chefs de partis, de grandes sociétés …) Quelle sorte de fraternité offrons-nous quand notre gouvernement et les groupes financiers subventionnent plus ou moins ouvertement les dictatures de la haine et les factions guerrières ? Quelle fraternité enfin trouve-t-on en celle qui emprisonne à tour de bras ceux du peuple qui volent ce qui leur appartient, qui se révoltent face à l’injustice flagrante ? Quelle liberté conçoit-on avec une surveillance accrue des citoyens sous le couvert des nouvelles technologies, à l’aide de l’hypnose médiatique ? Quelle liberté nous prépare-t-on à fabriquer 3000 lois et décrets l’an, nous forçant à travailler pour vivre ?
La majorité des citoyens n’a plus de représentation quant à ses aspirations. Ceux qui dirigent la République sont soutenus minoritairement. Un système longuement tissé ne permet qu’à leurs familles ou à celles qui font allégeance d’accéder au pouvoir de l’état. Le népotisme est extrême. Ce ne sont pas des spécialistes de la question qui sont aux rênes de la France mais des cousins et des neveux qui ont une appartenance politique ou un copinage feutré comme seule compétence. La classe politique dans son ensemble est l’ennemie de la France en touchant un salaire sans résoudre les problèmes sociaux ni rafraîchir l’ordre moral.
Le Comité de Salut Public presse énergiquement à la constitution d’assemblées et de réunions non partisanes mais au contraire le plus largement possible pour établir une représentation actualisée du peuple. Car comme son nom l’indique, l’hémicycle n’est que la moitié du cercle. Il manque à la seconde plus qu’une émergence : une reconnaissance officielle. Elle est faite de multiples points de vue, d’une pléiade de désirs qui exigent le droit immédiat à la parole et à l’action. Que des cahiers de doléances soient alimentés non pas de revendications téléguidées par le pouvoir, mais inspirées directement du cœur des hommes, du sein des femmes et des palpitations adolescentes cent mille fois plus légitimes que la question du quinquennat. Nous proclamons qu’il est besoin d’une nouvelle assemblée nationale dont les représentants défendent les attentes de cette majorité effective. Que l’ensemble des membres et des directions, des associations et des syndicats, des divers comités et des individus aux volontés innovantes, s’unissent sous une même bannière où l’unique résolution soit d’abattre la misère et l’injustice, de fustiger la traîtrise et de construire les fondations au bonheur humain. Que tous s’unissent pour constituer l’autre hémicycle, celui de la majorité de fait, du quart et du tiers-monde, comme il en était autrefois du tiers-état et que, comme tel, cet hémicycle ait la majorité qui lui revient de droit. Le travail d’ensemble passera d’un constat à froid de la réalité nationale et planétaire, d’un inventaire des biens nationaux et planétaires pour un inversement de la machinerie antisociale et anti-humaine, vers plus de Liberté, d’Égalité et de Fraternité. Vers l’accouchement final de la République Terre : Libre Terre, Fraternelle Terre, Équitable Terre !
En avertissement, le Comité de Salut Public fustige et fustigera tous les accapareurs du pouvoir pour le pouvoir, de l’argent pour l’argent, de la parole pour du vent. Nous nous adressons en particulier aux intellectuels et aux artistes qui se prostituent au pouvoir, qui servent de clowns et d’amuseurs publics au lieu d’apporter des solutions nouvelles au peuple dont ils sont issus. Eux tous comme l’ensemble du peuple ne doivent pas craindre en ce jour de parler haut et fort, d’être énergiques et volontaires, car tous ensemble nous balaierons l’ombre de nos hésitations et le fantôme de nos lassitudes. Nos enfants nous en seront mille fois reconnaissants et notre gloire ne sera pas usurpée.
À tel représentant syndical, associatif ou fédératif , si nous lui reconnaissons ses raisons et motivations, nous lui affirmons qu’il ne doit pas néanmoins refuser à se joindre aux autres dans l’urgence de la situation présente, où chacun dans son coin est minoritaire parmi les minoritaires mais inclus dans un ensemble majoritaire de minorités. Qui pardonnerait aux frileux aux tièdes et aux lâches, quel peuple absoudrait ceux qui ne saisissent pas l’occasion historique qui se présente devant ceux qui se déclarent pour telle ou telle fraction de citoyens : les citoyens ont soif et faim. Les guerres de clochers n’existent plus lorsque le tocsin résonne.
pour le Comité de Salut Public d’Ensemble Vide
Concarneau, octobre 2000