L’âme ne peut survivre, ayant si souvent faim dans ce nouveau régime comme il le fût dans l’ancien. La bourgeoisie sectaire conclut alliance avec l’Infâme Secrétaire Perpétuel de la Religion et des Riches Lieux. Dès lors, l’inégalité sera l’origine de la nouvelle évolution.
Il faut le dire : aujourd’hui, toute autorité est ruinée. Toute autorité et toute confiance. Hommes de lettres, nous sommes surexcités car nous apercevons une évolution possible, élargie à toutes les générations du peuple. Tribuns de l’émeute voulant dire amis du peuple.
La révolution n’est pas un mouvement politique. Elle est l’ombre portée sur le vif éclat de la lumière de l’évolution. Et cette ombre plane comme un paradoxe historique, celui d’être dirigé par des gouvernements incapables, sinon aptes à digérer impunément les biens sacrés du peuple. Alors, dans la nuit, qui donc n’entend point cet orage qui s’avance contre les révérences hypocrites, contre les scélérats ahuris et sous influence de leur clientélisme, contre les barons réactionnaires ? Les vaniteux, ne pleureront-ils pas, lorsque tout ce qui leur est divin tombera du ciel, quand, cherchant dans la terre une justification et des racines, ils n’y trouveront que des interstices pour y mourir ?
Ô peuple, les ennemis sont en grand délabre qui se donnent tant de vertus nommées bénéfices. Ne serait-il pas édifiant et injuste de leur accorder notre estime ? Ne serait-il pas scandaleux et médiocre de sanctifier ces économistes et ces patrons qui ne méritent que la flétrissure ? Imbus de, nous ne savons, quel esprit philosophique, disloqués par leurs oppositions, trop polis, trop aimables et peu généreux, empêtrés dans leurs capes d’officiels, remercions-les comme ils licencient leur personnel, car ils nous offrent la juste raison de s’élever contre l’injustice.
Méfions-nous toutefois des rancœurs, car les âmes aigries aspirent à la domination, et, de conséquence, mêlant le mépris à la haine, accomplissent l’œuvre de la dictature.
Car, si notre mécontentement, d’ailleurs extrême, se comprend, songeons, lorsqu’en voulant délivrer la terre « on » déchaîna la terreur, lorsqu’en libérant le marché de l’or « on » répandait l’horreur, le sacrifice de la paysannerie, le ghetto des citadins, la ruine des artisans, la faim des peuples d’outre-France. Au besoin, on ôta la prévalence sur l’armée aux prolétaires, on réprima le quart-monde par les urnes.
Et si le chaos chahute ce pays, c’est qu’il niche moralement dans la doctrine gouvernementale. Les contrats sociaux se confinent dans la médiocrité et l’anémie dédaigneuse de la grande bourgeoisie et de leurs laquais, toutes tendances politiques confondues. Leur crâne devenu trop étroit laisse glisser la couronne jusque sur leur nez.
Voilà, devant cet état des lieux, pourquoi les gouvernements de tous les pays, relayés par leurs valets médiatiques, garants d’une excellente propagande, susurrent-ils la menace de la force armée et du terrorisme, du meurtre et du viol tandis que le cœur des peuples aspire à la paix et à la justice.
Voilà pourquoi, ôte-t-on des mains des soldats du peuple qui vacillent, le fusil et le canon ! Pouvaient-ils compter sur de telles troupes ? Qu’importe, la dissolution de l’armée désarmera le chef qui la commandait et nous le livrera pour notre délivrance.
Valets perclus de dettes et de crimes plus terribles les uns que les autres, les agents représentant le peuple d’aujourd’hui ne sauraient subsister, agents indéniables qu’ils sont de sociétés secrètes ou anonymes, de puissances étrangères ou multinationales. Ambitieux et séditieux qu’ils sont, chuteront par leur cupidité.
Oui, l’évolution se doit faire, fatale et nécessaire, comme une revanche des nobles sentiments contre la richesse et ses abus, contre les droits de naissance, contre la grande propriété des mous du cervelet qui ont oublié que la France s’est toujours faite à l’énergie, à la bataille, que les Français se sont de tout temps insurgés contre le népotisme et le grand banditisme politique, contre les privilèges et l’inégalité dans l’impôt, irrémédiablement.
Ainsi, c’est dans l’oppression où se puisent de nouvelles forces libertaires, égalitaires et fraternitaires, nos cœurs en flammes, nos corps d’acier, notre génie et notre gloire. C’est la jeunesse indomptable qui poussera les grands à se cacher dans les cavernes ou bien se pendre dans leurs greniers ; elle proscrira les dirigeants séniles, incapables et stupides. Le ressort de la jeunesse fera sauter la machine usée.
« A dix-neuf ans, écrira Thiébault entraîné en 1789, on appartient à qui attaque. »
pour le Comité de Salut Public d’Ensemble Vide
Concarneau, décembre 2000