Grossie des dépouilles de l’ancienne Europe orientale socialiste, l’Union européenne est désormais rejetée par tous les peuples, et les conflits inter-impérialistes atteignent la violence de ceux qui ont précédé 1914 et 1939. La légende déplore désormais la malheureuse « dérive » d’un si beau projet, « social » et « pacifique », et jure de la corriger : convergent sur ce point aujourd’hui comme hier les héritiers officiels des « pères de l’Europe » Monnet et Schuman, et ceux de la « gauche » pro-européenne qui jurent, pour la énième fois (comme Tsipras avant 2015), d’améliorer les traités ou de les renégocier.
Mieux vaut en revenir à l’histoire de cette vieille initiative réussie des impérialismes dominants, américain et allemand, agréée par les impérialismes dominés, français en tête. Car elle date, non de 1945, mais des lendemains de la Première Guerre mondiale. Ainsi pourra-t-on traiter, le 6 avril, des chances nulles de transformer la chose des grandes banques internationales en entreprise de bonnes œuvres « sociales » et de l’urgence d’en sortir…
Présentation de la conférence par Annie Lacroix-Riz, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université Paris 7-Denis Diderot, auteur, notamment, de :
- Aux origines du carcan européen, 1900-1960. La France sous influence allemande et américaine, Paris, Delga-Le temps des cerises, 2016
- Les élites françaises, 1940-1944. De la collaboration avec l’Allemagne à l’alliance américaine, Paris, Dunod-Armand Colin, 2016
- La non-épuration en France (1943-années 1950), à paraître, Paris, Dunod-Armand Colin, août 2019