LE GUATEMALA PERDU Le 30 juin, le gouvernement guatémaltèque dont s'est
emparé la veille un colonel Monzon, capitule devant l'agression
montée par les États-Unis, et leur candidat local C. Armas. Depuis l'assassinat des Rosenberg, le gouvernement des États-Unis
semble avoir choisi de jeter chaque année, en juin, un défi
sanglant à tout ce qui, dans le monde, veut et sait vivre librement.
La cause du Guatemala a été perdue parce que les hommes
au pouvoir n'ont pas osé se battre sur le terrain qui était
vraiement le leur. Une phrase de Saint-Just a jugé d'avance les gens de cette espèce
: Après l'Espagne ou la Grèce, le Guatemala se range parmi
les contrées qui attire un certain tourisme.
TOUT S'EXPLIQUE Ce sont des gens qu'on appelle « lettristes », comme on disait « jacobins », ou « cordeliers » ... MICHÈLE-IVICH BERNSTEIN
CONSTRUCTION DE TAUDIS Dans le cadre des campagnes de politique sociale de ces dernières années, la construction de taudis pour parer à la crise du logement se poursuit fébrilement. On ne peut qu'admirer l'ingéniosité de nos ministres et de nos architectes urbanistes. Pour éviter toute rupture d'harmonie, ils ont mis au point quelques taudis types, dont les plans servent aux quatre coins de France. Le ciment armé est leur matériau préféré. Ce matériau se prêtant aux formes les plus souples, on ne l'emploie que pour faire des maisons carrées. La plus belle réussite du genre semble être la « Cité Radieuse » du génial Corbusier, encore que les réalisations du brillant Perret lui dispute la palme. Dans leurs œuvres, un style se développe, qui fixe les normes de la pensée et de la civilisation occidentale du vingtième siècle et demi. C'est le style « caserne » et la maison 1950 est une boîte. Le décor détermine les gestes : nous construirons des maisons passionnantes. A.-F. CONORD
LA MEILLEURE NOUVELLE « Perpignan, 30 juin (dép. France-Soir). —
Un accident d'automobile, survenu ce matin à 4 h 30 près
du village de Saises, a coûté la vie au Révérend
Père Emmanuel Suarez, général des Dominicains,
et au Père Auréliano Marinez Cantarino, secrétaire
général du même ordre.
PIN YIN CONTRE VACHÉ La grande vogue des guerres et des « lettres de guerre » nous impose de connaître les actes les plus sales d'héroïsme, comme les plus beaux témoignages de désertion. Mais cette apologie d'une fuite à l'intérieur que furent les symboles essentiellement symboliques de Jacques Vaché (« jamais je ne gagnerai tant de guerres »), nous ne la goûtons plus ; nous choisirons la mutinerie qui gagne. Nous savons comment se construisent les personnages. Nous n'oublions pas que Jacques Vaché a tout de même été entièrement conditionné par le système militaire du moment. (Au contraire Arthur Cravan paraît avoir réussi d'un bout à l'autre un fulgurant voyage, sans aucun des visas du siècle.) Nous ne voulons pas contester la grandeur de la résistance individuelle de Vaché, mais, comme nous l'écrivions en octobre 1952 à propos du néfaste Chaplin-Feux-de-la-Rampe : « Nous croyons que l'exercice le plus urgent de la liberté est la destruction des idoles, surtout quand elles se recommandent de la liberté. » (Internationale lettriste n°1.) Nous avouons ne juger les littératures qu'en fonction des impératifs de notre propagande : la diffusion des « Lettres » de Vaché parmi les lycéens français n'apporte que certaines formulations élégantes aux plates négations qui sont à la mode. Cependant, par un petit livre à peu près inconnu, le
Journal d'une jeune révolutionnaire chinoise (Librairie
Valois 1931) Pin Yin, une écolière de 16 ans qui a suivi
l'Armée Populaire dans sa marche sur Changaï, nous a gardé
ces deux mots de jeunesse rouge : On sait la fin de cette histoire ; et les vingt ans de règne
du général qui se survit à Formose ; et les bourreaux
du Kuomintang : G.-E. Debord
Potlatch est envoyé à certaines personnes des adresses qui sont communiquées à la rédaction. Rédacteur en chef : André-Frank Conord, 15 rue Duguay-Trouin, Paris 6e. |