Légende
à Jason Cunliffe
NOUS ALLONS INVENTER
MIEUX QU'UN LANGAGE BLANC
SUR L'AUTRE RIVE .
ALORS POURQUOI DIRIONS-NOUS :
" LE PRÉ EST DANS LES CATACOMBES "
PUISQUE LES BIBLIOTHÈQUES NOUS FONT DE L'OMBRE
INSIGNIFIANTE ?
Lambeaux des rivières
qui suivent par-dessus les déversoirs futurs la gente ailée
de
nos
pensées
À l'entrecroisement où la logique armée de pierres
et cette brise sans chair coton parole étincelante
Se mêlent ô la marmite vide est bien appropriée pour
toute création
Les eaux y sont passives
et la mort vivante
et la parole
réponse
et la terre
racine
Parlez mes mains
je vous écoute faites-moi des provisions vive la raison à
crédit l'ouïe ne semble pas
Nécessaire pas plus que le regard sur ce monde juste un œil
intérieur sur mon âme étoilée
puis-je en
Disposer pour voir les plantes imaginées et la germination des
mots ensemencés sur ce champ papier
Sans foi ni louange sans fin ni origine seulement la substance renouvelée
par ma bouche
instrument
Qui commande la matière et la superpose au rien cela suppose
que je n'aurai plus besoin
de paraître
pour exister
ni de bouche
pour parler
ni de nez pour
sentir
Juste le contraire me délivrera de la mémoire des obstacles
des cadres et de la
plâtreuse
volonté
Sans dimension comment être limité sans matérialité
comment me marchander
un cœur demande à naître
Aujourd'hui reptile ou volatile au service de ses poumons mais tracé
seulement ou pré-sens
D'une fluidité hors du temps ou d'une autre qualité de
temps ou parfum ou rythme imprégné de
lumière
entièrement
suspendue
Sur la flamme d'Homère
le vent souffle ses amitiés déguenillées non
plus cela assez de visions
Assez d'épopées trop de lyres jouons aux dés c'est
dit
Prenons la première idée ou l'épée ou cet
appeau imitant l'oiseau délire
C'est là qu'il faut trancher les chantres qui vous mettent en
joue comme le gibier
Élargir l'être communément confus et soumis à
l'ordre des choses lui rendre l'inaccessible accès
et souffler
sa matière
Ulysse n'est-il pas une poussière ne craignez-vous point de l'aspirer
en reprenant votre haleine
Gaffe qu'il ne vous solidifie à votre corps défendant
votre corps
vaste contrée jamais découverte aux inconcevables constellations
inimaginable
laboratoire du tout
À produire autant de principes que d'hommes ou de mères
Ô mes doigts
mettez un terme à cet emboîtement qu'ai-je besoin de forme
seul compte le vital
Qu'importe mon genre je ne suis pas de cette espèce qu'il me
manque une virgule et je me déploierai
D'un bout à l'autre de l'étincelle devenant Lune Soleil
les étoiles et toute la lumière des cieux
toutes les eaux
et tous les dragons
Oui du firmament jusqu'au fond de l'abîme je bénirai la
fournaise
Vertueuse le délice des vierges
Car désarticulant les sentiments les plus intimes de la visqueuse
condensation des glaires
Mon verbe en rut dissoudra la morve du concombre
Et tandis que sur
la confiture figée des continents pullulent les scolopendres
automobiles
Idées fluides qui tirent du minéral un contour embryonnaire
pour mouvoir l'humain pagure
Je gouverne un radeau fossile astéroïde qui tant bien que
mal dérive entre les ions
Tout attentif à déchiffrer l'Archive muette derrière
les infusoires flasques du temps
15/16 avril 2006