À quoi ça ressemble l'Âme ?
Cet après-midi
pourpre hé ! viens à moi la foule nous bouscule et nous
sommes allés boire
A quoi ça ressemble l’âme montre-moi sa carapace
je lui montre le flot des voitures
Le jour un peu flou passé à la pierre ponce et nos regards
qui fouillent de-ci de-là
Les objets de leur raison d’être feu rouge furieux changements
de vitesse je n’en sais rien
A quoi ça ressemble plus léger que des poumons peut-être
le doigt dans le nez
Nos idées cahotent dans l’insolite des bribes de petit
bonheur qui refait surface
Je n’en sais
foutrement rien j’en ai jamais vu y parait que ça explose
comme le soleil
Les prêtres en parlent au séminaire tellement c’est
subtil l’âme et gentiment dégueulasse
C’est un signe vert dans un fauteuil à roulettes qui se
précipite vers la forêt
Parait qu’elle mange des pommes et le bout des crayons de temps
en temps l’âme ricane
En furetant sur un violoncelle tout ça n’explique rien
si les blattes en ont une
Je finirai bien par comprendre pourquoi ça pleurniche sur le
qui-vive un coup sur les oreilles
Il ajoute qu’il
en tient une et que si ça se voit pas c’est que ça
se cache dans une cage en verre
Même qu’il a payé la sienne très cher douze
cent euros qui flottait derrière une vitrine
J’enrage pour moi c’est pas une preuve je cherche au fond
de sa cervelle décidément je ne vois rien
Les pensées tapies en son crâne m’ont posé
un lapin et puis à quoi ça sert il me répond que
c’est
Une question de principe et que ça me serait vachement utile
c’est pas l’âme qui nuit gravement à ton salut
qu’il me dit t’as qu’à sentir le vent
Percevoir l’intime
éclat d’une parole jetée en l’air ah copain
criait-il tu débouches le vide ou quoi
Et bien sache pour ta gloire qu’une âme est meilleure à
manger quand elle est crue
Ou froide comme un apôtre même que sa femme en a dévoré
deux dans le brouillard
Ça me démangeait d’en savoir plus long est-ce qu’il
avait des factures
Si ça se glane à travers champs ou que ça traîne
dans les greniers et crac avec un manuel de science
Il aplatit une mouche l’impudente qui ressemblait franchement
à sa sœur
Y parait que les âmes
rêvent de taper sur un piano qu’est-ce que tu crois bien
sûr
C’est l’amie des courants d’air alors tu penses la
musique avec ses mélodies et les envolées d’opéra
Ça leur fait la vie belle c’est très favorable à
leur éclosion ah bon c’est comme les œufs
Faut pas que ça tombe du lit sinon gare à l’omelette
je préfère pas en avoir une je dis
Des fois qu’elle se casse avant que j’ai fini de payer les
traites des fois qu’à la banque
Un sale type avec son nœud de cravate l’étrangle ou
lui fasse des avances pour me la voler à crédit
janvier 2005