Vieil Horizon
par René Hervieu
Entre les pattes velues de ma mémoire incrédule
je me débats
Entre les rets arachnéens de mes nerfs
les proies ligotées s'agglutinent
aux fils soyeux des yeux qu'Ariane dévide
d'une main sertie de maints camées du temps
Inépuisable quenouille carnassière
Le sexe des anges
s'entrouvre
lèvres luminaires dans l'obscurité du ciel
où les lépiotes nubiles éclosent
aux flancs neigeux des massifs lointains.
L'aventure serpente
à la frontière fangeuse des marais
J'y allume des feux incertains
qui rougeoient de mots sombres et écarlates
et que des éphémères frôlent de leurs ailes
translucides
qui soudain s'enluminent
dans un fol crépitement.
A la lueur des flammèches
le labyrinthe bleuté de mes veines
m'apparaît
comme une carte fluviale
où des radeau d'os
livrés à eux-mêmes
descendent lentement le cours infini de mes souvenirs.
Le calme écumant
de ce réseau d'eaux pâles
apaise un peu la soif
que les forêts abolies asséchaient
aux confins de mes orifices.
Entre les parois sableuses que les plages libèrent
entre les lames pailletées de ses parquets lissés
la mer reprend sa place
infiltrant l'aube
et les regards qui s'échangent
devant l'horizon ouvert
ouvrant
au-delà d'eux mêmes
sur des prés outremer
pour boire
aux outres gonflées des nuages
le lait bleu et aromatique
du très vieil océan.