L'An suave

À Mme Marie Laurencin

Un châle méchamment qui lèse ta frileuse
Épaule nous condamne aux redites. Berger,
Tu me deviens l'à peine accessible fileuse.
(À l'ordinaire jeu ce délice étranger.)

Qu'aimablement ta main dissipe tout léger
Nuage vers ce front où la mèche boucleuse
N'aspire, avec les brins de paille, qu'au danger
De lune!

Ai-je omis la nymphe miraculeuse
Icare aux buissons neigeux, tu sais, parmi
Les douces flèches — l'an suave quel ami! —
Et, criblé de chanson par Écho, le silence

Que déjà ton souhait de plumes, n'oscillant
Pour se moquer de grèbe en paradis, s'élance
— Ah! quel ami c'est l'an suave! — au toquet blanc?