Trains

Les talus se fendillent sous la chaleur des wagons rapides et des escarbilles rouges de toute la vapeur qui coule loin des arbres. On ne sait quelle est cette odeur des loups morts de faim qui vous prend à la gorge dans les wagons des classes inférieures. Courage pour ces cris de locomotives hystériques et pour ces gémissements de roues suppliciées. Au dehors les arbres enivrés de tous ces cris et de tous ces regards ont le vertige monstrueux des foules au départ d'un avion pour un voyage éternel. A tous les signaux une énorme bête se tient cachée et regarde d'un seul œil ce grand lézard bruyant qui glisse sur des ruisseaux de diamants et sur les cailloux des mines aériennes.

 

par Philippe Soupault