Rhétorique[...] sa fonction propre n'est pas de persuader, mais de voir les moyens de persuader que comporte chaque sujet [...] [...] En outre, il est manifeste que la rhétorique sert également à découvrir le persuasif vrai et le persuasif apparent, tout comme la dialectique le syllogisme vrai et le syllogisme apparent ; car ce qui fait la sophistique, ce n'est pas la faculté, mais l'intention ; il y a cependant une différence : ici, l'on sera orateur, celui-ci par sa science, celui-là par son intention ; là on sera sophiste, en raison de son intention, et dialecticien en raison, non de son intention, mais de sa faculté. [...] [...] Admettons donc que la rhétorique est la faculté de découvrir spéculativement ce qui, dans chaque cas, peut-être propre à persuader. Aucun autre art n'a cette fonction ; tous les autres sont, chacun pour son objet, propres à l'enseignement et à la persuasion ; par exemple, la médecine sur les états de santé et de maladie ; la géométrie pour les variations des grandeurs ; l'arithmétique au sujet des nombres, et ainsi des autres arts et sciences ; mais on peut dire que la rhétorique semble être la faculté de découvrir spéculativement sur toute donnée le persuasif ; c'est ce qui nous permet d'affirmer que la technique n'en appartient pas à un genre propre et distinct. [...] [...] Les preuves administrées par le moyen du discours sont de trois espèces : les premières consistent dans le caractère de l'orateur ; les secondes, dans les dispositions où l'on met l'auditeur ; les troisièmes dans le discours même, parce qu'il démontre ou paraît démontrer. [...] source : Rhétorique, Aristote, Les Belles Lettres, traduit du grec par Mérédic Dufour, 1991. |